Mesure d'audience Annot, Anotum, Anotia

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LES AUTOCHTONES AU PREMIER SIECLE AVANT JESUS-CHRIST

Annot / Anotum / Anotia.
Argenton / Argentonis.
Aurent / Aurencum.
Recherches des vestiges romains.

La ville d'Annot, d'après l'abbé Féraud, remonte à une antiquité très reculée ; habitée par les gaulois aborigènes, connue des Romains sous le nom latin d'ANOTUM, puis en bas latin, ANOTIA, puis SIGUMMANA à la fin de l'Empire romain, pour reprendre à partir du 11ème siècle, son nom originel ANOTH (peut-être au début du nouvel emplacement de la cité dans la vallée- lieu actuel), elle conserva au milieu de toutes les révolutions antiques et invasions qui se succédèrent (Ostrogoths, Wisigoths, Sarrasins et autres) sa prééminence sur les lieux de son voisinage, qui dépassaient largement le cadre de son canton actuel.

La voie romaine dite "Prétorienne" partait de Cimiez en passant par Glandèves (ancienne Entrevaux qui se trouvait de l'autre côté du Var) et passait par Annot, Vergons, Castellane, Moustiers, Riez, Valensole, jusqu'à Apt. Cette voie reliait entre elles les trois grosses colonies romaines: Cimiez, Riez et Apt.

Un Annotain anonyme, en 1839, dit qu'"il est certain qu'Annot existait déjà en 48 avant J.-C.". Il ajoute : "c'est la plus ancienne période que nous puissions assigner d'une manière sûre et incontestable, bien qu'en notre particulier, nous demeurions profondément convaincu qu'Annot fut bâti longtemps auparavant." Il poursuit : "Pour prouver qu'Annot existait déjà alors, qu'il nous suffise de dire qu'une pierre milliaire trouvée sur le territoire de Castellane au quartier du "Chairon", découvre un chemin militaire de la cite des Saliniens jusqu'à Annot, passant par le pont Julien (que l'on sait par ailleurs avoir été bâti par Jules César, d'où son nom) et Vergons. Si donc, César a fait bâtir le pont Julien dans le but d'établir entre la cité des Saliniens et celle des "Annotiens", un moyen de communication, Annot et Castellane devaient exister sous son règne (100-44 avant J-C.) car après tout, on ne peut imaginer de faire communiquer entre elles des villes qui n'existent pas ; de plus elles devaient déjà être à cette époque des villes relativement importantes, vu la nécessité d'un chemin militaire."
(Annales historiques des Basses-Alpes, 1838)

D'autre part, une voie romaine partait d'Annot pour rejoindre le chemin d'Argenton (dont il reste encore quelques traces de pavement, essentiellement au départ d'Annot jusqu'à la cascade.

lou gourd de la gourdiano.

Argenton, dont l'origine du nom peut laisser rêveur- de même qu'Aurent- malgré sa taille modeste est en effet riche d'un passé romain qui a laissé de nombreuses traces.

"De mémoire d'hommes, des éléments de monuments anciens, dont on ne pouvait dater l'origine, ont toujours jonché la roubine, au quartier du Villars, après Argenton, sur le chemin d'Aurent. C'étaient des fragments de colonne, ainsi qu'un grand socle circulaire.
Puis dans les années 1910, une statue décapitée fut découverte, ainsi que deux autres têtes frustes, venant d'autres statues. Dès 1912, l'abbé Sauvaire, ainsi qu'un historien en firent communication à l'Académie des Inscriptions. En 1950, puis en 1964, plusieurs rapports d'archéologues conclurent à l'hypothèse de la présence sur les lieux d'une mine de métaux précieux exploitée par Rome, par l'entremise d'un Chevalier romain.

la statue décapitée

Dès 1988, une équipe archéologique, sous la direction d'Anne Roth-Congès, du C.N.R.S, fit le relevé des blocs visibles, puis une campagne de fouilles permit de mettre à jour plusieurs centaines d'éléments plus ou moins fragmentaires. Dans le même temps, des éléments de toiture, un buste funéraire, deux acrotères (supports de statues) et le socle d'une statue furent découverts, étant remployés, soit dans l'église d'Argenton, le cimetière, soit dans diverses caves et écuries, soit encore dans diverses restanques (murs de soutènement des terrasses agricoles) et autres murets en bordure de chemins.
Grâce à tous ces éléments, une restitution graphique du monumental édifice nous est proposée, ainsi qu'une datation, probablement autour de l'an 75 avant Jésus-Christ.
Une partie de la flèche de toiture.

Il s'agit donc d'un mausolée, c'est à dire un tombeau monumental de quinze mètres environ de haut, qui fut taillé dans le grès local et assemblé à sec (sans mortier), car les joints en sont très soignés. Il est en forme de tour, composé de trois étages de taille décroissante.

La statue décapitée apporte de précieux renseignements sur la datation du mausolée et son destinataire. Celui-ci est représenté assis, ce qui est rare et indique un personnage de haut rang. La tête, les pieds et le siège ont disparu ; mais on reconnaît bien la toge, manteau dans lequel se drape le défunt, signe de sa qualité de "citoyen romain". Ce vêtement, parce qu'il est drapé serré et ne descend pas jusqu'aux chevilles, indique une datation antérieure à l'empire ; quant à la tunique à manches courtes, elle montre sur l'épaule droite, une incision en forme de ruban, qui représente "l'augusticlave", signe que le défunt, de rang social élevé, est un "chevalier romain" (titre honorifique qui pouvait être politique ou judiciaire, mais également relevant du grand commerce, de la banque ou de l'industrie des mines).
Tous ces indices posent le problème de la présence de ce haut fonctionnaire dans une région en apparence déshéritée.
L'hypothèse selon laquelle on aurait affaire à un publicain dirigeant l'exploitation de mines locales pour le compte de Rome reste séduisante, mais n'a pu, pour le moment être certifiée. Si des gisements sont connus, dans les hautes vallées voisines du Var et du Verdon, ici, ni les grès, ni les calcaires proches ne sont propices aux mines, malgré les noms évocateurs d'Argenton et d'Aurent.
Faut-il penser que ce mausolée se trouvait à mi-chemin de zones métallifères, sur une frontière entre la "Provencia" et les Alpes Maritimes actuelles non encore conquises par Rome ?
Faut-il penser que l'on pratiquait intensivement l'orpaillage dans le Coulomp (pratique courante dans les torrents alpins) avec un succès tel, qu'une colonie romaine s'installât sur place ?
Faut-il penser que ces mines d'or et d'argent ont réellement existé, peut-être emportées dans le ravinement des marnes locales et restent encore à découvrir ?
Faut-il penser que notre "chevalier" se livrait à d'autres activités, par exemple l'élevage intensif de troupeaux au profit de Rome ?
Tenons-nous en pour l'instant aux hypothèses émises ci-dessus et contentons-nous de rêver…

Il n'en reste pas moins vrai que cet édifice a existé à Argenton, voici plus de deux mille ans et qu'il est à ce jour, le plus ancien de la Gaule et le seul à abriter les cendres d'un dignitaire romain et non pas celles d'un indigène romanisé.
Toutes ces études et recherches ne sont pas terminées ; d'après le témoignage d'Anne Roth-Congès, nous pourrions, dans l'avenir, connaître toute la vérité sur les ancêtres romains d'Argenton.
A ce propos, si vous souhaitez aller dans ce merveilleux village, à pied, bien entendu, repérez dans le chemin, tel ou tel endroit, dont les anciennes dalles sont érodées et réduites en sable fin (le savèu) ; posez bien votre pied, laissez votre empreinte et imaginez qu'il y a deux mille ans, le "Chevalier romain" a peut-être foulé le même sol que vous …"
(Merveilleuses et mystérieuses balades du Pays d'Annot en Haute-Provence, J-L Damon, Editions Serre Nice, 1996.)